La Banque de France impose à chaque établissement bancaire l’ouverture d’un compte pour toute personne en faisant la demande, même en cas de refus initial. Pourtant, malgré ce droit, une part de la population reste éloignée des services bancaires classiques.
Des organismes publics, des fintechs et des associations multiplient les dispositifs pour répondre à ces exclusions persistantes. Leur action façonne un écosystème mouvant, où la réglementation, l’innovation technologique et l’accompagnement social se croisent sans toujours converger.
L’inclusion financière en France : de quoi parle-t-on vraiment ?
Quand on parle d’inclusion financière, il s’agit de bien plus qu’ouvrir un compte bancaire. Selon la Banque mondiale, l’inclusion financière se mesure à la capacité réelle d’accéder et d’utiliser une palette de services financiers de base : compte courant, crédit, assurance ou produit d’épargne. La France affiche un taux de bancarisation qui tutoie les 99 %, mais derrière cette statistique, les disparités restent tenaces. Avoir un compte ne signifie pas savoir s’en servir, ni pouvoir utiliser l’ensemble des services proposés.
À l’échelle mondiale, près de 1,5 milliard d’adultes vivent encore hors du système bancaire. Même dans les pays les plus riches, la fracture subsiste : 6 % des Européens restent en dehors du circuit bancaire, et seulement la moitié de la population mondiale épargne. L’inclusion bancaire s’inscrit dans une dynamique qui dépasse la simple question d’accès : c’est aussi une affaire de lutte contre la pauvreté et de renforcement du tissu social. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 24 % des adultes dans le monde n’ont pas de compte courant, même si des progrès notables ont été enregistrés depuis 2011.
Cette problématique ne s’arrête pas aux frontières des pays en développement. En France, certains publics restent à distance des services bancaires classiques. Les solutions habituelles ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques des personnes vulnérables. La frontière entre microfinance, microcrédit et inclusion bancaire n’est jamais figée. Les acteurs engagés, qu’ils soient publics ou privés, s’adaptent à des situations multiples : absence totale d’accès, difficulté à utiliser les outils proposés, ou encore inadaptation des offres existantes.
Pour mieux cerner les dimensions de l’inclusion financière, voici les points clés à retenir :
- Services financiers de base : compte courant, crédit, assurance, produits d’épargne
- Objectif : réduire la pauvreté, encourager l’autonomie, favoriser la cohésion sociale
- France : bancarisation quasi-généralisée, mais des situations d’exclusion persistent
Pourquoi l’accès aux services financiers reste un défi pour certains publics ?
La réalité de l’exclusion financière ne s’arrête pas à quelques frontières. En Europe, 6 % de la population est encore tenue à l’écart des banques. En France, le chiffre de 99 % de taux de bancarisation donne le ton, mais il masque des situations complexes. Certaines personnes cumulent les difficultés : incidents bancaires, gestion budgétaire hasardeuse, surendettement qui s’installe. En 2024, la Banque de France a reçu 134 800 dossiers de surendettement et enregistré 30 000 désignations au titre du droit au compte,des chiffres qui illustrent la persistance du phénomène.
Les clients en situation de fragilité financière sont repérés par les banques après des incidents de paiement ou une accumulation de frais. Pour leur venir en aide, le dispositif Offre Client Fragile (OCF) a vu le jour en 2014, plafonnant les frais à 3 € par mois. Près d’un million de personnes y ont eu recours dès 2019. Ce dispositif a permis d’alléger le quotidien de nombreux foyers, mais il ne suffit pas à effacer toutes les difficultés. Précarité, éloignement du numérique (l’illectronisme), méconnaissance des produits financiers : autant de freins qui limitent l’accès effectif aux services.
Les pouvoirs publics, à travers le ministère de l’Économie, gardent un œil vigilant. Chaque année, Bruno Le Maire publie les données sur le plafonnement des frais d’incidents, preuve que le sujet reste sous surveillance. Les écarts restent frappants d’un pays à l’autre : la moitié des habitants de Roumanie ou de Bulgarie n’ont pas de compte courant. En France, la protection des consommateurs progresse, tout comme l’éducation financière, mais l’exclusion bancaire ne disparaît pas pour autant.
Pour mieux comprendre les ressorts de cette exclusion, voici ses principales manifestations :
- Exclusion financière : incidents bancaires à répétition, surendettement, fragilité économique
- Offre Client Fragile : frais bancaires plafonnés, accès simplifié, attention particulière des établissements
- Surveillance réglementaire : publication de bilans annuels, contrôle du respect des engagements bancaires
Panorama des acteurs clés qui font bouger les lignes de l’inclusion financière
En France, plusieurs organismes s’activent pour rendre les services financiers accessibles au plus grand nombre. La Banque de France publie chaque mois un baromètre sur l’inclusion financière et pilote l’Observatoire de l’Inclusion Bancaire, véritable source d’information pour les pouvoirs publics et les banques commerciales. Les grands réseaux bancaires tels que Société Générale, BPCE, Banques Populaires et Caisses d’Epargne multiplient les initiatives : mécénat, contrats d’utilité, programmes pédagogiques. À titre d’exemple, le groupe BPCE consacre 34 millions d’euros chaque année à ces actions et mesure leurs effets à travers l’Empreinte Coopérative et Sociétale.
Les associations jouent aussi un rôle majeur. Crésus, spécialiste de la prévention du surendettement, a mobilisé 3 700 ambassadeurs et accompagné plus de 600 000 personnes via son programme Dilemme. Du côté de l’éducation financière, la Fondation Société Générale cible les publics vulnérables, et Boursorama propose Bourso Campus pour sensibiliser les jeunes adultes à la gestion de leur argent.
Le secteur public, à travers la Banque des Territoires, finance des projets d’inclusion numérique, d’habitat social, de mobilité durable ou de transition alimentaire, favorisant ainsi des initiatives locales à fort impact. Au niveau européen, la Banque européenne d’investissement s’implique dans le développement du microcrédit et dans l’amélioration de la transparence des services, en partenariat avec la Commission européenne.
Voici les acteurs incontournables de ce panorama :
- Banque de France : production de données, pilotage de l’observatoire
- Crésus : accompagnement, prévention du surendettement, formation
- Banques françaises : mécénat, innovation sociale, programmes éducatifs
- Banque des Territoires : soutien financier aux initiatives locales
- BEI : microcrédit et actions pour une Europe plus inclusive
Ressources, initiatives et outils pour s’informer ou agir concrètement
Sur le terrain, la promotion de l’inclusion financière passe par une multitude d’initiatives concrètes. Des guides pratiques, des plateformes en ligne et des dispositifs d’accompagnement sont accessibles à tous. Les banques françaises mettent à disposition des ressources claires et pédagogiques. Clés de la Banque, développé par la Fédération bancaire française, propose des fiches, des simulateurs et des vidéos pour aider à comprendre les produits et services bancaires. Des outils comme Pilote Budget permettent d’anticiper, d’organiser et de superviser ses finances personnelles.
Pour ceux qui rencontrent des difficultés, les Points Conseil Budget sont présents dans toute la France. Ils offrent un accompagnement personnalisé et gratuit pour la gestion du budget, l’accès aux droits, la prévention du surendettement. Ce soutien s’appuie sur un réseau d’experts capables de s’adresser à des publics éloignés des services bancaires, que ce soit en zone rurale ou dans les quartiers prioritaires.
Les initiatives privées ne manquent pas. La Société Générale propose près de 200 vidéos pédagogiques sur son site et lors d’événements comme les Journées SG – B@nque à distance ou la Nantes Digital Week. Pour les jeunes, le programme « 1 Jeune 1 Solution » favorise l’accès à l’emploi et la gestion financière, avec des ateliers pratiques et interactifs.
Les associations comme Crésus s’investissent au quotidien. Grâce à 3 700 ambassadeurs, le programme Dilemme propose des ateliers de sensibilisation et un accompagnement sur mesure. Plus de 600 000 personnes en ont déjà profité, preuve que l’action sur le terrain porte ses fruits.
Voici un aperçu des ressources et outils disponibles pour agir concrètement :
- Clés de la Banque : guides pratiques, simulateurs, vidéos explicatives
- Pilote Budget : solution d’aide à la gestion budgétaire
- Points Conseil Budget : accompagnement individualisé et gratuit
- Programme Dilemme (Crésus) : ateliers ludiques et formation personnalisée
- Vidéos Société Générale : contenus pédagogiques accessibles à tous
Face à la complexité du paysage financier, ces acteurs et ces outils ouvrent des perspectives. L’inclusion financière n’est pas une ligne d’arrivée, mais un chemin à tracer, chaque jour, pour que personne ne reste sur le bord de la route.

